Urban Culture 2017

L’expérience des élèves de l’option théâtre du Lycée Pierre Bourdan

PETITE HISTOIRE DU HIP-HOP EN MOUVEMENT : ou quand Brahim Bouchelaghem et ses danseurs nous embarquent dans leur DeLorean funky pour un voyage dans le temps interactif !

Lundi 3 avril : nous voilà devant l’espace André Lejeune pour assister à un spectacle de danse, histoire de changer un peu du théâtre et de voir d’autres aspects du spectacle vivant.

On s’installe : le plateau est nu, habillé seulement au lointain d’un cyclorama qui diffuse une lumière qui changera selon les tableaux. Devant lui, en fond de scène également, un DJ à sa table de mixage qui chauffe la salle. Les morceaux s’enchaînent en guise d’introduction, mêlant morceaux des années 80, comme Street dance (1984) du groupe new-yorkais Break Machine, et morceaux récents : on est à peine assis qu’on tape déjà dans les mains !

Au sol, à jardin, sur le devant de la scène, un espace de danse est créé par des cartons joints ensemble, comme on le voit justement dans le clip de Street dance :

http://www.dailymotion.com/video/x3mimq_break-machine-street-dance_music

 

Ainsi, Brahim Bouchelaghem veut nous rappeler l’origine du hip-hop, et ce qu’il a connu lui : un art né dans la rue, où les breakers se retrouvent et s’exercent avec ce qu’ils trouvent.

 

Arrivé au micro, placé sur le devant à cour, le danseur et chorégraphe nous raconte sa 1ère rencontre avec le hip-hop : une émission de 1984 appelée H.I.P.H.O.P, qui passait après Starsky et Hutch. Puis, il explique ce que sont les freeze, figures de base du breakdance, le back-spin… dans une sorte de tuto en direct, suivi des autres danseurs Rachid Hedli, Chinatsu Kosakatani et Alhousseyne N’Diaye qui se lancent dans une démo sur fond musical, dont le générique de H.I.P.H.O.P.

 

On pense alors avoir saisi le principe du spectacle : Brahim Bouchelaghem expose les caractéristiques d’un style de la danse hip-hop ou apporte des éclaircissements sur une de ses origines, et cet exposé est suivi d’une illustration « en mouvement » comme le laissait déjà supposer le titre… Mais c’est oublier l’un des grands principes du hip-hop : le partage ! Et le titre ne disait pas qui allait être en mouvement… les danseurs, bien sûr… mais nous aussi ! Brahim Bouchelaghem demande en effet une quinzaine de personnes sur scène, et élèves comme profs se retrouvent à apprendre quelques pas de breaking… La musique est lancée, tout le monde tape dans les mains, le cyclorama derrière le DJ est parcouru de grands rayons jaunes qui semblent partir de la table de mixage… et c’est parti pour quelques minutes de démo !

 

Puis les volontaires retournent à leur place, et Brahim Bouchelaghem passe à un autre style relevant de la danse hip-hop, l’electric boogie, inspiré du mime, qui consiste à bouger comme un robot, comme les danseurs nous en font la démonstration :

http://www.lamontagne.fr/gueret/loisirs/art-litterature/2017/04/06/urban-culture-emporte-gueret-dans-son-sillage_12354473.html

 

Puis il explique les différents sources qui ont nourri le hip-hop et l’ont fait évolué, certaines paraissant assez éloignées : qui aurait deviné que ce sont les comédies musicales des années 70 qui ont inspiré des danses plus collectives, quand jusqu’alors les danseurs hip-hop dansaient chacun de leur côté ?

Il évoque, bien sûr, le funk, courant musical des années 60-70, qui s’élève contre le racisme dont les Noirs américains font l’objet ; « funky » signifie en effet dans un sens ancien « qui sent mauvais, qui sent la sueur », insulte raciste fréquemment lancée, jusqu’à ce que des artistes noirs s’en emparent : le funk est né. Tandis que le DJ passe certains de ses morceaux, Bouchelaghem parle de James Brown, qui chantait la misère et le racisme qui faisait le quotidien de la communauté noire. C’est du funk que nait le locking, style de danse rattaché au hip-hop, assez saccadé, avec plein de mouvements du bassin, de rotation des poignets, d’index pointés… Ça nous fait penser à une sorte de mélange entre breakdance et disco, et rappelle parfois un peu la Tecktonik des années 2000, qu’il a peut-être inspirée, même si ça se dansait sur de la musique électro.

Puis c’est le tour du disco, et sur Celebration de Kool&The Gang, une boule à facettes descend des cintres ! Toute la salle est transformée en boite de nuit : revoilà une partie du public sur scène, tandis que ceux restés dans la salle font les mêmes mouvements en miroir, notamment sur September d’Earth, Wind and Fire et Fresh de Kool&The Gang !

http://www.lamontagne.fr/gueret/loisirs/art-litterature/2017/04/06/urban-culture-emporte-gueret-dans-son-sillage_12354473.html

 

Arrive le 3ème temps fort du spectacle : le chorégraphe nous explique d’où viennent les battles. Fondé sur les rencontres, le partage et la non-violence, le hip-hop règle les conflits dans la danse. Que ce soit dans le Bronx à New-York ou en Californie, c’est à travers la danse que les danseurs s’affrontent, et c’est le public qui les départage et désigne le vainqueur à l’issue des battles.

De nouveau, des spectateurs sont invités sur scène et forment deux camps : encouragés par le public, ils affrontent tour à tour le camp adverse en dansant.

 

Pour finir le spectacle, Brahim Bouchelaghem veut nous faire comprendre ce qu’il appelle « l’âme du hip-hop », sa philosophie en quelque sorte. Déjà, en tant que danse, le hip-hop est révolutionnaire : c’est l’art de la danse accessible à tous, c’est le ballet sorti de l’opéra et qui investit la rue. Mais ce n’est pas que de la danse : c’est aussi un art du texte, avec le rap, un art musical avec le DJing, et un art visuel avec le graffiti.

Et, au-delà d’un mouvement artistique, c’est même un art de vivre, fondé sur la paix et le partage. Il nous parle d’Africa Bambaataa, qui appartenait à un gang violent de New-York et a décidé de changer le visage du Bronx, en créant une organisation, la Zulu Nation, qui cherchait à rassembler les gens autour de la culture hip-hop en prônant la non-violence.

Et c’est sur son slogan qu’on se quitte : « Peace, United, Love and Havin’ fun ! »

 

A l’issue du spectacle, nous avons pu échanger avec les danseurs sur la création du spectacle.

ON A AIMÉ :

  • Les interactions avec le public ! Dans ce spectacle, adieu 4ème mur ! On s’attendait à un spectacle vif et enjoué, mais pas à ça, c’était une belle surprise.
  • Découvrir l’histoire de ce mouvement, et surtout une philosophie bien plus profonde que ce qu’on pensait. C’est un mouvement engagé avec un état d’esprit très positif.
  • Les danseurs, plus que talentueux !

ON A MOINS AIMÉ :

  • A part au début, le DJ n’a pas vraiment été mis en avant. On a compris que le hip-hop c’était plus que de la danse, du coup c’est dommage que le DJing n’ait pas été mis plus à l’honneur, avec des démos.
  • Les moments d’interaction avec le public ayant pris beaucoup de place, les phrases de danse étaient un peu trop courtes pour certains d’entre nous.

 

Mais bon, dire qu’on a aimé serait faible… On a adoré ! D’ailleurs, nous sommes rentrés très inspirés :

 

 

PEACE, UNITED, LOVE & HAVIN’FUN !

 

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